Minutes de la multitude #68

La sonnerie annonçant la fermeture des portes est également une note. Longue, tenue, tendue.

Des jambes de pantalons, des mollets, des chaussures sur les rayures du sol, des sacs. Pas d’horizon. Pas même la fenêtre opposée ou la paroi.

Ce bras, je le vois immobile, tombant, mort. Il aspire mon regard. Il finit par s’élever, se plier, rejoindre son semblable.

#819

#818

De quoi sommes-nous l’empire ? de quels territoires ? de ce qui est circonscrit à nos regards côte à côte divergents ? de celui des chuchotements qui touchent la peau plus que les oreilles ? de l’onde des mots qui heurtent et sentencient et portent discorde à travers les murs jusque chez les voisins ? de la portion de pavé, celle qu’occuperait un cheval couché, près d’une fontaine, où tes lèvres et mes lèvres ont sombré réciproquement les unes vers les autres ? des îles de larmes de joie perdurant presque invisibles sur des divans fatigués ? des esplanades et des perspectives parcourues porté par le désir quand règne le code de la route et le code de la rue? des interstices persistants aux emboîtements de chair ? de l’air sculpté par les draps froissés, écrasés, froissés encore, érigés dans le matin ? du vide d’une place grande comme une salle de bal dans une nuit douce ? de l’attente disposée en gares, cuisines silencieuses à minuit excepté le bruit du frigo ? de l’abyme porté au centre, pas plus grand qu’un poing ?

Publié précédemment dans Villes en Voix

#817

#816

matin sans verbe
lente lumière
en tout silence
vide et heureux

Samedi fasciste #18

#814

sans gaspiller encore
le noir et précieux sang
(sa ronde déjà est lasse)
nous buvons à la lune

#813

#812

de l’assiette vidée
seule une fumée vague
le jour est passé autre
une flamme immobile

#811