une bonne journée ce serait un étang vert calme et du bleu
une bonne journée ce serait un miroir humble
une bonne journée serait courte avec cinq saisons nettes
une bonne journée ce serait une peau impavide
une bonne journée ce serait le conditionnel dans ta cage
une bonne journée ce serait du ciel dans la grotte
une bonne journée ce serait cendres donnant lumière
une bonne journée ne dirait rien contre le silence
une bonne journée laisserait un chiffre sans écho
une bonne journée un fruit posé faisant de la table un autel
une bonne journée c’était un pli dans le temps à venir
onzain #35
dual #27

Le miroir, il serait dans la nuit, révélerait le négatif. La main plongée rencontrerait la forme d’une absence et la paix. Du temps contenu, arrondi ralentirait le rêve, sans suite. Le nombre serait doux.
#2257
l’ombre sur
l’herbe au vent
ne bouge pas
elle va grandir
avant de sombrer
si je ne fuis pas
#2247
vapeur vaste comme paume d’enfant
cercle noir figé soleil déjà haut
boire d’abord comme on plonge
absent oublieux ma vie où
tous les tableaux sont parfaits
Bernard Chambaz
Églogue – c’est choisir
un mot plutôt qu’un autre
– ce matin – je suis monté sur le toît
attenant à la cour de l’école
« récupérer »
ton ballon jaune
– le recueillir et redescendre
de l’autre côté du mur
sous les citrons
en pot
dual #26
– On joue au jeu de la réalité ?
– S’il y en a une seule ce n’est pas un jeu.
– Coupons-la alors en morceaux.
– Non. On la dédouble dans le sens de l’épaisseur.
– Elle sera trop mince.
– Il suffit de l’exposer en même temps au soleil à la pluie et elle redevient tapis chatoyant.
– Rajoutons des couleurs aussi.
– Et des plis et des secrets.
– Deux, c’est peu non?
– Tu as raison. On peut en faire d’autres. Des minuscules qui se cachent dans une poche. Des qui n’existent que les jours qui ont trois lettres. Et celles où deux devient nous.
– Et la règle ?
– Je te la dis. Viens, oreille, près de ma langue.
– Toutes mes lèvres sont émues.
– Il ne manque que ton reflet.