Exercices d’illumination #2

A quatre heures, dans la cuisine, la table est nette. Sa couleur d’automne resplendit dans l’été. Sur cette vaste feuille sous mes coudes, une coupe de fruits, le pot à sel, un verre d’eau où des feuilles de basilic prennent racine, la pile de livres et de carnets au repos. Je suis seul dans l’heure vaste. Au-delà de la fenêtre ouverte, d’autres fenêtres entourées de murs couleur sable. Le regard est prestement arrêté. Tout est familier. Rien ne bouge que le vent, invisible. L’étrangeté danse. Je pourrais découvrir le secret du monde, ou le mien. La nuit sera déjà venue et avant elle, je serai entré dans la pièce, et sans m’asseoir, de quelques mots brefs, je me serai jeté vers le monde. C’est l’heure du flamenco. La lumière est méprisée. Tout se passe dans un cercle. Les larmes rient. Les sentiments sont piétinés. Tout reviendra à l’identique: il n’y a pas lieu de sourire ou de rêver.