carnet

les nouvelles entrées sont ajoutées au début du texte ; les entrées de chaque jour sont séparées par ||

le vent et le soleil : le matin maximise l’espace – nulle promesse ni accomplissement – la plus grande amplitude | à la fois dans l’ombre et dans la lumière | le vent se voit à ses effets et à ses franges | balayer la poussière les toiles d’araignées les poils des chattes tout cela en tas et nuages l’idée de lieu de départ paisible – dimanche après-midi || une chaise au milieu de la table | fenêtre que l’on croit ouverte et l’une est devant songe-t-elle à sauter | tu es la vague || la pointe de la langue trouve changée le cachet pensée de la méprise du poison | la verge de froid | les anciens noms ceux qui sont dans le passé les chercher trouver des images et des phrases | rire au souvenir que l’on pourrait avoir de toi || nier ce qui est sale | écrire sans regarder sans regarder ce qui est écrit sans regarder le ciel sans regarder ce qui ne tombe pas sans regarder le drap sans regarder la main || dans la pluie sur la route espace réduit comprimé tu es dans la pluie son battement | vent doux puis froid | rester dans l’enveloppement | âge tu te recroquevillée || on t’a dit attend est-ce seulement une voix | pas d’espace ni de césure | je ne suis pas encore moi au matin | l’hiver reste sec de silence | un parking n’est jamais vide || écrire en attendant écrire dans l’attente dans son intérieur | donne une terre au vide | mégot de cigare sur le goudron il est l’abandon il l’est contenu et s’effeuillant | ici jamais personne ne s’est arrêté aussi longtemps personne n’a regardé aussi longtemps que tu le fais | ce qui est presque une chanson | où commence-t-elle la chanson | les protestations de ceux qui attendent tu connais tous les mots chanson elle est en toi traduite || une silhouette son inclinaison puis son nom et les phrases le canal le lieu de trois années tout revient à huit heures du soir le jour de l’épiphanie || je suis dans la fatigue ce qu’il y a de plus profond de plus lourd | seul immobile sur la place le seul à être seul les amis les familles les enfants en jeu | cette phrase la seule lue du récit écrit dans une autre langue it was high time pour toi maintenant l’injonction || droit à l’oubli sera plus facile | l’amie dans quelle ville quelle nuit comme la main qui trouve table où s’appuyer et c’est un bruit doux | tu comptes quoi dans la nuit | passer d’un style à l’autre identique | je me soucie de son nom lui qu’elle avait aimé et de son tatouage | trieste c’est un nom qui semble facile | naviguer palis les rêves les voix les mots du jour au | lit allongé sur le dos revient le rêve d’hier soir dans la même position lumière à peine éteinte || cherchant la poussière | la parole est facile en lui | dédain depuis ton lit | les mots presqu’à l’aveugle presque je devine leurs formes seulement en écrivant | à qui envoyer une phrase chaque jour | il s’agit titre | chambre nue chambre de nu chambre aux nus tout serait dans la lumière | vous n’avez plus de couleurs | la magie se reconstitue | elle a des facilités pour l’amour | la phrase serait entière | je partirait de nuit || le gouffre en toi de toi n’est pas la peur c’est l’abyme où entrer pour être | écrire à la lumière des lampadaires les caractères sont compressés par la main est-ce qu’une page serait la nui entière | on passe derrière moi | un texte fait de phrases banales | quand j’appuie sur la feuille l’ombre s’avance puis s’écrase puis rejoins presque ce que j’écris || ce qui compte c’est l’espace | la pluie souvenue revenue elle s’égoutte elle dans la nuit la nuit est en elle | dentelle tu n’es pas le labyrinthe | où es la folie penses-tu en regardant la folle où suis-je penses-tu en regardant le miroir | l’homme ivre titube très lentement l’année commence très lentement il s’appuie sur ma voiture |se réfugier dans la fin | les fins provisoires c’est fini || un tableau dont le titre serait chaque dimanche matin | le mot qui était dans la bouche dans la rue : bourrelier et je le savais pas dans la langue que j’entendais | le silence de l’après-midi tu pourrais te dissoudre dans la tâche dans cette pièce de bureau familière | tout le jour près d’un homme jusqu’à ce que le peu de confiance de compassion | penser à écrire ici penser ici dire là | publier l’intégrale de mes ratures | illisible | illisible | pas de drogue le réel  || l’hiver est matin à l’espoir | tous les lieux où tu n’as pas écrit | un musique qui prendrait au piège le temps pour toi | le dos par cadeau | j’écris parmi les miettes | la limite de la page est un élastique || odeur de beurre sur l’ongle | penser par quatrains | elle dit qu’elle sent la présence de son père et de sa mère mort il y a tant d’années elle dit je le dis à mon frère il me dit moi aussi la folie la vérité en tourbillon je pose la main sur son épaule je me tais | dieu des pauvres donne nous des feuilles blanches | le dessin est dans la nuit | amaigrie retirée blanchie les yeux agrandis perdus | je n’ai presque pas regardé par la fenêtre | heure où j’ai cru avoir la fièvre | heure combien de fois répétée où j’ai cru être perdu || le bruit de l’eau déversée par le tuyau noir de l’autre côté de la rue à chaque fois  que la porte est ouverte surprise de cette fontaine | le bruit du temps le temps n’a pas de bruit | l’instant est-ce que cela compte || les visages qui passent ne sont plus dans l’instant déjà dans la mémoire perdue | tu déposes les questions comme l’enfant que l’on va abandonner les pierres que nul ne picorera | tu disposes les questions | équilibre le mot ricane à l’intérieur | appuyé incliné sur le pilier il parle au téléphone et regarde à travers la baie vitrée le fils qui plonge et replonge || chambre comme retour mais il n’y a pas eu de voyage | demi-sommeil d’une heure et pensées sur la cuisine des voisins puis découverte la casserole oubliée sur le gaz le plastique du couvercle brule | les phrases par elle | les pas sur ma tête immobile || le clignotant palpite dans un seul œil | tu aurais pu tuer tourner la page || changer la couleur rien ne change encore change | changement de focale ils ne comprennent pas || ce n’est pas le désir seulement l’ennui l’avancement dans la nuit | retombée de la masse musicale est-ce qu’il y a quelque chose comme cela dans ta journée | je relis oubli d’avoir écrit ce nom et cet autre et de les avoir désiré || vacillement du corps de debout dans l’attente | La pluie cessée | le pas seul || dans sa silhouette l’éloignement | Les prospectus mouillés de pluie enfilés dans les boîtes aux lettres a cumulés tombant pliés perdant leurs couleurs | à vendre au fond de la ruelle | Regarder les poubelles les sacs leur opulence || la pile à terre élancement elle est à moi recul réfléchi | un bruit rapide à arriver et à partir | regard au sol : quelles sont les formes | debout à côté de son audi tête rejetée en arrière le croque-mort culturiste | appeler le père cela passe | la fumée beaucoup de fumée devant lui qui est de dos tête couverte comme s’il fumait plusieurs fois | rouge parfait cette pensée mais c’est une voiture neuve | en 1984 il écrit ripoliné d’un autre siècle le maître et un autre aussi de la même date | il n’y aura plus de journal s’il y a ceci | visage croisé sur l’autre chaussée je pense à ta fougue je manque de m’écraser dans le rouge du camion devant moi | le chignon au-dessus de la tête légèrement en arrière je ne l’aime que depuis toi toi passée lointaine | je suis bien  là chanson traîne | le verre vide de café oscille sur la soucoupe la cuillère est en porte-à-faux c’est moi le démiurge | elle désire peut-être aime-t-elle l’autre est plus réservé tacticien dessiner les figures géométriques les courbes de niveau | la fin comme une porte mais il y a seulement des fenêtres vastes parfois nettoyées rarement et l’enfant en course alors y cogne le front | tu n’es pas là – certes – dans les heures herbes qui balancent dans la séance presque du vent | l’arbre où j’avais déposé le livre celui de la traversée des enfers | certes est ton mot | dans l’air non en moi non