Catégorie : Dual

dual #29

Photographie de Bianca Serena Truzzi

Il faut aller jusqu’à l’ongle, son noir : défi, défaut. Il faudrait jouer encore, dans le rêve de la chambre, et sans miroir. Or on ne s’adresse qu’au visage, sans qu’il y ait de pardon. Le pli est la seule mémoire de l’étreinte.

dual #28

Photographie de Sterenn A’nne

Ce qu’est l’hiver est déjà loin, passé vaste. Tu vis les heures comme dans un train, fuyant les morsures. Tu n’as que le nombre toi : ce pourrait être le diable mais tu as choisi la plaine. Un galet leste la poche et empêche d’être happé par le ciel. Oui, tu auras cette patience minutieuse, trait après trait.

dual #27

Le miroir, il serait dans la nuit, révélerait le négatif. La main plongée rencontrerait la forme d’une absence et la paix. Du temps contenu, arrondi ralentirait le rêve, sans suite. Le nombre serait doux.

dual #26

Photographie de Cristina Botta

– On joue au jeu de la réalité ?
– S’il y en a une seule ce n’est pas un jeu.
– Coupons-la alors en morceaux.
– Non. On la dédouble dans le sens de l’épaisseur.
– Elle sera trop mince.
– Il suffit de l’exposer en même temps au soleil à la pluie et elle redevient tapis chatoyant.
– Rajoutons des couleurs aussi.
– Et des plis et des secrets.
– Deux, c’est peu non?
– Tu as raison. On peut en faire d’autres. Des minuscules qui se cachent dans une poche. Des qui n’existent que les jours qui ont trois lettres. Et celles où deux devient nous.
– Et la règle ?
– Je te la dis.  Viens, oreille, près de ma langue.
– Toutes mes lèvres sont émues.
– Il ne manque que ton reflet. 

dual #25

Photographie de Maud Bernière

Avec toi, j’aimais la géométrie. Soient : l’amour, la géométrie, toi, moi. En guise de table de poker, la lumière. C’est le temps qui donnait les cartes, la couleur absente comme des rêves. Il y avait une ville, dehors, mais seulement la chambre pour nous.
On retombe : le présent, sans feuille, sans mousse. Les visages sont des arcanes. Il n’y a que des lignes à jouer, se sachant perdus.

dual #24

Photographie de Paolo Pittori

Rien ne s’accorde au rectangle. Seul, il restera ignoré par toutes les familles de courbes. La chambre est sans fond, sans couleur. Tout est centre pour l’attente et le regard. Il n’y aura pas d’étreinte tant que le temps sera là. Grain de la lumière et de la peau : nul horizon. Le doigt enjoint les lèvres de se serrer. Où serait la voix ?

dual #23

Photogaphie de Sterenn A’nne (sterenn_pi)

Tu pourrais être ligne, fleur, sœur au soleil de la mer. Tu es dedans, loin de la couleur. Ce n’est pas l’éventail mais la meurtrière. Ce qui ne manque pas ce sont les minutes : elles sont lourdes, elle lestent, elles sont sans fatigue. Toi seule pour dire leur forme. Tu te tends, tu t’avances, tu te déploies en trompant l’immobilité. Il n’y a point d’ornement : seul ton cœur.

dual #22

Linda Sorrenti https://lapidalagallina.it/ https://www.instagram.com/lapidalagallina_0.2/

la feuille est blanche
invisible en souvenir
le sol n’a pas d’ombre
ton œil est en grâce 

dual #21

Photographie de snapf21

Savoir être dans le lointain, le déjà. Le regard n’a plus à se soulever, à faire flèche, il s’abandonne à une paresse myope, il s’élargit. Les idées d’horizon et de mur sont inutiles, se perdent, et bien d’autres. L’imparfait s’est imposé, repoussant le récit. La pensée est étrangère, extérieure, brume. Le mot de voyage n’a pas été prononcé. Le tien est secret au silence.

dual #20

Photographie de Fanny Jacquet

Il aura fallu beaucoup de nuit pour arriver, s’astreindre à dire ici sans souci de murs, écarter le mot de secret et accueillir sans se redresser celui de trésor. Susciter est superflu, compter est dédié aux formes qui sont elles-mêmes nombre, la spirale est une idée qui pourrait presque suffire à dire tout l’espace, si ce n’était le rêve.