Minutes de la multitude #56

Deux billets pliés, origamis contradictoires posés sur le cratère évasé d’un siège vert. La beauté est partout et nous serions étouffés si nous ne fermions pas les yeux.

La moue. Dégoût, envie, fatigue, tristesse, mépris. Ses yeux passent sans se poser. Sa beauté est distante. Ses lèvres ne se desserrent pas. Elle est toute hauteur.

Rainures du revêtement de plastique noir. Dans les creux, la poussière et la crasse sédimentées laissent un ton gris. Au regard perdu, les lignes dansent.

#2333

dual #37

nue aux futures pluies
tu éprouves la voûte
ton adieu en pleine lumière

#2331

Un homme écrit un roman unique. Il disparaît, sans laisser de traces, sans mourir. Le livre est oublié. Un collectionneur en rachète les exemplaires en circulation jusqu’à ce qu’il soit épuisé. Après avoir publié son enquête, un écrivain prétend avoir retrouvé le disparu et le présente au public. Quelques mois plus tard, un second roman est publié. Qui l’a écrit ?

#2330

#2329

lampe érigée
donne le mur
au regard bas
de qui ne dort

#2328

Minutes de la multitude #55

Lumière comme si l’hiver était oublié, la voiture vide. Voyager au milieu du jour, sans hâte. La vie serait facile.

Première fois : je suis monté dans le train en suivant les instructions du général que j’ai attendu au terminus avant d’aller au bord du lac chez le Kantien.

Le tunnel avant le terminus, la ville en son centre. Tu vas être rendu – Déploiement mental de tous les sens.

#2326

Minutes de la multitude #54

À chaque arrêt, quelqu’un descend et vide le train. La voiture est rendue à sa beauté figée d’objet, baignée par la lumière d’octobre.

Ils me regardent écrire comme on regarderait un fou peu dangereux. Qu’est-ce qu’il y a de folie dans mon obstination d’écrire? Combien d’écriture entre la folie et moi?

Ai-je jamais embrassé dans ce train?