The Waves – Virgnia Woolf

‘ “Like” and “like” and “like”—but what is the thing that lies beneath the semblance of the thing? Now that lightning has gashed the tree and the flowering branch has fallen and Percival, by his death, has made me this gift, let me see the thing. There is a square; there is an oblong. The players take the square and place it upon the oblong. They place it very accurately; they make a perfect dwelling-place. Very little is left outside. The structure is now visible; what is inchoate is here stated; we are not so various or so mean; we have made oblongs and stood them upon squares. This is our triumph; this is our consolation.
‘The sweetness of this content overflowing runs down the walls of my mind, and liberates understanding. Wander no more, I say; this is the end. The oblong has been set upon the square; the spiral is on top. We have been hauled over the shingle, down to the sea. The players come again. But they are mopping their faces. They are no longer so spruce or so debonair. I will go. I will set aside this afternoon. I will make a pilgrimage. I will go to Greenwich. I will fling myself fearlessly into trams, into omnibuses. As we lurch down Regent Street, and I am flung upon this woman, upon this man, I am not injured, I am not outraged by the collision. A square stands upon an oblong. Here are mean streets where chaffering goes on in street markets, and every sort of iron rod, bolt and screw is laid out, and people swarm off the pavement, pinching raw meat with thick fingers. The structure is visible. We have made a dwelling-place.

« Les comparaisons se succèdent, mais qu’est-ce qui se cache derrière toutes les ressemblances ? Puisque la foudre a frappé l’arbre, puisque la grande branche en fleur est tombée, et puisque Perceval, en mourant, m’a laissé cet héritage, il faut que je regarde les choses en face. Voici un carré ; voici un rectangle ; les musiciens prennent le carré et le placent sur le rectangle. Ils le placent avec le plus grand soin, et en font une construction habitable et parfaite. Seule, une petite marge déborde. Le plan de l’édifice est devenu visible ; ce qui n’était qu’ébauché est maintenant accompli. Nous ne sommes ni si inconsistants ni si médiocres : nous avons réussi à fabriquer des rectangles et à les placer sur des carrés. C’est notre triomphe et notre consolation.
« La débordante douceur de cette découverte ruisselle sur les parois de mon âme et libère en moi le sens de la compréhension. “Ne cherche plus, me dis-je. Tu as atteint le but.” Le rectangle a été posé sur le carré, et la spirale par-dessus le rectangle. Nous avons été traînés le long des galets jusqu’à la mer. Les musiciens reviennent. Mais ils s’essuient le visage. Ils n’ont plus l’air si pimpant ni de si bonne humeur. Je vais sortir. Cet après-midi sera un après-midi à part. Je vais faire un pèlerinage. Je vais aller à Greenwich. Je vais me confier courageusement à des trams, à des autobus. Tout le long de Regent Street, les secousses du véhicule me ballottent de mon voisin à ma voisine. Mais je ne suis ni meurtrie ni froissée par ces collisions. Le carré repose sur le rectangle. Nous traversons des pauvres rues encombrées par un marché en plein vent ; toutes sortes de vis, d’écrous et de tiges de fer sont disposés pour la vente, et les gens qui grouillent sur le trottoir saisissent des morceaux de viande crue entre leurs doigts épais. Le plan de l’édifice est visible. Nous avons rendu le monde habitable.

Traduction de Marguerite Yourcenar